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Réunion du Jeudi 9 Septembre 1999
        4 quai Hoche 44 200 Nantes
 
 

TROUBLES MUSCULO SQUELETTIQUES

Définitions :

La multiplicité des appellations :
 ... troubles musculo squelettiques ( muskulo-skeletal disorders / injuries of occupational origin chez les anglo
saxons) ou lésions micro traumatiques , maladie des mouvements répétitifs ( repetition strain injuries) , pathologie
d'hypersollicitation ou de sur utilisation (Cumulative trauma disorders, Overuse syndrome / injuries) ...
 ... témoigne probablement de difficultés à bien définir les TMS ;  notre goût pour les sigles a cependant rendu
ce terme incontournable, du moins dans la littérature professionnelle française même si certains ne le trouve pas des
mieux choisi.

 Cela désigne donc d'une nébuleuse de pathologies, pas uniquement musculaires et squelettiques (articulations
essentiellement) , mais aussi neurologiques ou vasculaires dont le principal facteur étiologique est professionnel, lié à
des activités répétitives ou / et à des contraintes statiques prolongées.

En fait ces pathologies de sur utilisation sont d'origine multifactorielle :

- professionnelle mais les gestes attitudes et postures incriminés peuvent ne pas se distinguer de ceux
 réalisés dans nos activités quotidiennes professionnelles ou non. Difficultés de déterminer ou commence
l'hypersollicitation ; la notion de fatigue au travail ( effort physique et aussi effort de volonté exigé par une tache
exécutée sans plaisir) puis de douleurs plus ou moins associées à une gène fonctionnelle au cours de l'activité
professionnelle.
 - non professionnelle : ménage jardinage bricolage et activités sportives
 - due à des prédispositions individuelles : sexe, age, antécédent familiaux ou personnels, malformations,
antécédents traumatiques, troubles endocriniens, surcharge pondérale.
 

Les facteurs non professionnels et individuels sont biens réels mais ne doivent pas masquer l'importance des facteurs professionnels..

 L'age est un facteur déterminant mais pas toujours mis en évidence en raison d'une sélection à long terme des
travailleurs exposés.
Le sexe : les tendinites de l'épaule et du coude sont plus fréquentes chez l'homme alors que les syndromes de canal
carpien prédominent chez la femme.

 Comme exemple, montrant le poids trés relatif des facteurs non professionnels: une étude faite en 1993-94 dans la
région d'Angers  sur les syndromes de canal carpien.

Population de 2600 travailleurs de chaussure, montage de téléviseurs et assemblage de freins : 65 cas de SCC survenus
entre 90 et 92 inclus dans l'étude, comparés à 65 témoins de même sexe, même age et même niveau socio-
économique, appartenant aux mêmes entreprises : (l'appariement exclue, dans cette étude, la mise en évidence de 2
facteurs individuels important : l'age et le sexe)

Facteurs non différents dans les deux groupes :
- Taille , poids, IMC
- Fréquence de traitement pour troubles anxio- dépressifs ( mais l'étude était rétrospective), tabagisme.
- antécédents gynéco- obstétricaux sauf parité > 3
- nombre d'heures hebdomadaires de ménage, bricolage, jardinage et sport.
- ancienneté dans le travail, durée du travail quotidien, nombre moyen et durée des pauses.
Facteurs de risque différents
- Effort de préhension > 1 Kg (OR = 9 ; 2,44 - 33,44))
- Répétitivité des taches mise en évidence par durée de l'opération élémentaire < 11 s ( OR = 8,8 ; 1,75 - 44,35)
   absence de changement d'activité ou de pause pendant au moins 20% du temps de travail (OR = 6 ; 1,80 - 20,17)
- Approvisionnement manuel du poste par l'opérateur (OR = 5 ; 2,24 - 21,22)
- Absence de rotation des opérateurs  OR 6,3 ; 2,09 - 19,29
- Seul facteur individuel mis en évidence : parité > 3,2 ; 1,61 - 6,43)

L'association de 4 de ses facteurs entraîne un risque très élevé (OR 93,7 )
 
 

Pathologies reconnues

Leur reconnaissance dans le cadre des tableaux de maladies professionnelles est restrictive tant par la limitation des
pathologies que par les délais de prise en charge et les travaux concernés (liste limitative)
 

Epaule

 Epaule douloureuse simple (tendinopathie de la coiffe des rotateurs). 
 Epaule enraidie succédant à une épaule douloureuse simple rebelle.

Coude

 arthrose 
 Epicondylite 
 Epitrochléîte 
 hygroma aigu  ou chronique 
 Syndrome de la gouttière épitrochléo-olécrânienne (compression du nerf cubital).

Poignet - Main et doigts

 ostéonécrose du semi-lunaire ( maladie de Kienböck ) 
 ostéonécrose du scaphoïde carpien ( maladie de Kölher) 
 Troubles angioneurotiques 
 manifestations ischémiques des doigts 
 Tendinite 
 Ténosynovite 
 Syndrome de canal carpien 
 Syndrome de la loge de Guyon

Genou

 Syndrome de compression du nerf sciatique poplité externe. 
 Lésions chroniques du ménisque 
 hygroma aigu  ou chronique 
 Tendinite sous-quadricipitale ou rotulienne. 
 Tendinite de la patte d'oie.

Cheville et pied 

 Tendinite achiléenne.

Rachis 

 Sciatique par hernie discale L4-L5 ou L5-S1 avec atteinte radiculaire de topographie 
concordante. 
 Radiculalgie crurale par hernie discale L2-L3 ou L3-L4 ou L4-L5, avec atteinte 
radiculaire de  topographie concordante.

Pathologies non reconnues

Pathologies hors liste :
 fatigue musculaire, crampes et déchirures ( à moins de les considérer comme tendinites)
 La maladie de Dupuytren ou le rôle favorisant des micro traumatisme a été évoqué ; l'importance des facteurs
personnels (antécédents familiaux, diabète, éthylisme chronique semble ne pas permettre de démontrer une origine
professionnelle.
 Doigts à ressaut (doigts en gâchette)
 Syndrome du défilé thoracique ou l'origine professionnelle n'est pas démontrée bien que des gestes et postures
professionnels déclenchent la symptomatologie.
 Kystes synoviaux du poignet (sauf s'ils entraînent, ce qui n'est pas fréquent une compression dans le canal
carpien ou la loge de Guyon
 Fibromyalgies
Toute pathologie n'entrant pas strictement dans les définitions officielles ; en particulier les lombalgies : il faut
qu'il y ait une radiculalgie, que la hernie soit objectivée par l'imagerie et que la hauteur de la hernie "colle" avec la
symptomatologie radiculaire, sinon ce n'est pas une maladie professionnelle mais une maladie à caractère professionnel.
Toute pathologie "reconnue" en dehors du délai de prise en charge ; à ce sujet il est important de bien noter
l'ensemble des troubles constatés, les associations étant nombreuses : exemple d'une épicondylite oubliée devant un
canal carpien bruyant.. 30 jours après il est trop tard pour la faire reconnaître en maladie professionnelle. Le simple
fait d'avoir noter la pathologie associée dans le dossier médical est maintenant légalement suffisant ; bien entendu la contestation n'est même plus possible si cela a été noté sur le certificat médical initial.
De même, bien repérer le travail en cause lors de la déclaration : il doit être présent sur la liste limitative.

Dans tous les cas ou la déclaration de maladie professionnelle n'est pas possible , il faut faire une  déclaration de
maladie à caractère professionnel qui n'ouvre certes aucun droit mais permet un recueil plus exhaustif et une pression
sur les pouvoirs publics pouvant à la longue permettre une reconnaissance de la pathologie comme professionnelle.
 

Documents joints :

Déclaration de maladie à caractère professionnel
Tableau 57 régime général ou Tableau 39 régime agricole
Tableau  69 régime général et Tableau 29 régime agricole
Tableau79
Tableau 97
Tableau 98

JP Dessaux

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