Retour sommaire

Mise à jour 25 01 2002

 

Association de Formation pour la Santé
Région Nantaise

 

FMC du 10 Janvier 2002

Le GÉNÉRALISTE et le NEZ (bouché ou qui coule )

Janic Guillaudeux, Marie Kayser


 

EXAMEN CLINIQUE

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
radios du cavum chez l'enfant
radio des sinus
scanner des sinus
recherche d'allergie 

DES PRODUITS
sérum physiologique
produits ajoutés 
sérum physiologique adrénaliné
immunostimulants
antibiotiques locaux
corticoïdes locaux
vasoconstricteurs locaux
vasoconstricteurs systémiques
les inhalations

PATHOLOGIES ET LEUR TRAITEMENT
Les rhinites infectieuses banales
catarrhe tubaire
otite séro muqueuse de l'enfant:
Les sinusites
staphylococcies nasales simples


N'y a-t-il pas un inconfort du patient à prendre en considération et comment ? Quelles sont nos habitudes ? Quelles sont celles des spécialistes ? Il y a-t-il dans cette pathologie de réelles évaluations thérapeutiques ? Nous serons plus en congruence avec nos prescriptions si nous nous appuyons sur des bases solides pour les proposer à nos patients. Sur les points qu'il nous semblait intéressant d'approfondir, nous avons interrogé 2 spécialistes O.R.L., l'un exerçant en libéral ( Dr Hiance ) l' autre en CESU ( Dr Radafy) et nous avons consulté la revue Prescrire.
 


A PROPOS DE L'EXAMEN CLINIQUE

Quel examen du nez par le généraliste ?
Nous regardons le plus souvent avec le spéculum à oreille: nous voyons surtout la couleur de la muqueuse et si la paroi des cornets est congestive; il y aurait-il à voir plus pour nous avec le traditionnel spéculum bivalve et la lampe frontale: existence de polypes ? sécrétions au méat moyen ? est-ce que cela changerait nos capacités diagnostiques et thérapeutiques ? Quel intérêt aurait l'utilisation de vasoconstricteurs locaux dans ce cadre ?
 

Dr H:

L'appréciation du caractère congestif de la muqueuse nasale avec ou sans vasoconstricteur nasal local préalable est très difficile au spéculum bivalve dont le maniement nécessite un entraînement O.R.L.; en pratique depuis l'usage du fibroscope nasal qui a "révolutionné » ma pratique je ne l 'utilise plus.

L'appréciation de la couleur de la muqueuse  lilas pale (plutôt allergique) ou rouge ( plutôt vasomotrice) est un élément diagnostique intéressant .

Dr R :

Même opinion sur l 'examen et la difficulté de voir les polypes qui se situent en général au niveau du méat moyen.
Dans le bilan de « nez bouché » intérêt de l'utilisation d 'un miroir froid placé sous les orifices narinaires : si le flux passe c'est que les cornets et les fosses nasales sont perméables ; le problème se situerait plutôt en arrière au niveau des végétations (même chez l'adulte) ou de dysfonctions vélaires.
S'il y a passage de flux, le miroir froid permet aussi de montrer la possibilité de récupérer une respiration nasale ; l'absence de respiration nasale entraîne une métaplasie de la muqueuse nasale, véritable cercle vicieux aggravant l 'obstruction
 nasale ; il faut attendre plus de 3 mois après reprise de respiration nasale pour avoir une récupération normale de la muqueuse.

Retour


A PROPOS DES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Intérêt des radios du cavum chez l'enfant pour voir l'importance des végétations (comparé à l'impression retirée de l'examen par voie buccale ?)

Dr H:

Les O.R.L., depuis l 'avènement de la fibroscopie nasale ne demande plus de radio de cavum
 

Dr R :

La clinique avec l 'appréciation du recul du voile contre le palais peut permettre d 'apprécier la taille des végétations.

- La radio du cavum à demander en profil strict  téléradiographique est intéressante dans le diagnostic d 'une obstruction des voies aériennes supérieures et souvent plus pour voir une bascule postérieure des amygdales en position couchée que pour les végétations (bascule qui peut-être responsable des difficultés respiratoires nocturnes)

Retour

Intérêt et limite de la radio des sinus ( pour distinguer rhinite simple et sinusite)

Dr H:

Le bon vieux Blondeau a encore raison d'être !! 

Dr R :

- La radio des sinus n 'a aucun intérêt chez l 'enfant jusqu 'à 7 à 10 ans: les sinus sont alors grand ouverts dans les fosses nasales et toute rhinite de l'enfant s 'accompagne d' une atteinte « sinusienne ». 
- L'incidence de Blondeau est intéressante pour différencier une image inflammatoire en cadre de l'existence d 'un niveau hydroaérique signant l' infection des sinus.
- Si le radiologue fait des clichés multiples simples, c'est plus coûteux et irradiant qu'un scanner, il faut préciser : incidence Blondeau

Retour

Indications du scanner des sinus ?

Dr H:

Le seul intérêt est pour poser une éventuelle indication chirurgicale après le traitement médicale d'une polypose pour voir ce qui reste et s'il y a indication chirurgicale.

Dr R :

- Intérêt pour la recherche d'un exceptionnel cancer des sinus mais c'est la clinique qui guide: situation professionnelle des travailleurs du bois.

- Intérêt quand on envisage une indication chirurgicale (de plus en plus rare sur une polypose sinusienne)

Retour

Intérêt de faire une recherche d'allergie devant une rhinite chronique ?

Dr H:

OUI, les allergologues ont fait beaucoup de progrès dans la détermination des allergies mais sans doute il reste des allergies non déterminées ce qui expliqueraient que les antihistaminiques aient parfois une réelle efficacité dans des allergies dites vasomotrices; il préfère d'ailleurs à ce terme celui de rhinite oedémateuse . Des études anapath auraient montré que l'on rencontre le même type d'anomalies tissulaires sur ces muqueuses nasales que celles observées dans l 'asthme sur les muqueuses bronchiques .

Dr R :

Les tests cutanés seraient plus fiables, mais ils passent sûrement souvent à coté due causes « pointues » d'allergie; le contexte de vie, contexte professionnel doit orienter les tests.



A PROPOS DES PRODUITS

 

Le sérum physiologique : Produits,  techniques d'utilisation; avec ou sans mouche-bébé ? si avec : quel type de mouche bébé et comment ? Risques de surinfection après pluri-utilisation du flacon ? Intérêt des unidoses ?

Dr H:

- Lavage de nez: fonction des habilités familiales ..

- Préconise 1 cuillère à soupe de fleur de sel dans 1/2 l d'eau minérale et usage d'une poire à oreille, ce sur quelques jours

- Pas de risque de surinfection: un nez " c'est déjà très sale " ..

Dr R :

- Intérêt du « mouchage à la paysanne »: lent, narine après narine 
- Lavage de nez: pas de technique particulière sauf pour l'enfant petit l'impératif de la tête penchée en avant et le jet plutôt dirigé vers les oreilles (pour ne pas léser la cloison). 
- Les principes du lavage: Importance de la réalisation d 'un vrai lavage et donc besoin de quantités importantes et problème de coût, ne pas prélever directement mais verser à chaque fois dans un verre pour éviter la surinfection du produit
- Même recette eau + sel avec l 'utilisation d 'une seringue de 20 ml ou flacon de sérum physio + seringue ou produit tout prêt en flacon pulvérisateur (mais sans gaz de préférence). La quantité dans les unidoses est insuffisante pour un bon lavage

Retour

Intérêt des produits ajoutés : PRORHINEL°, ACTISOUFRE°

Dr H:

 intérêt du PRORHINEL chez l 'enfant quand les sécrétions nasales sont très épaisses car l 'oléosorbate qui entre dans sa composition est fluidifiant

Dr R :

pas d 'intérêt, au contraire: on ajoute un facteur d 'irritation locale avec le désinfectant présent

Retour

Qu'en est il du sérum physiologique adrénaliné ?

Dr H:

aucune expérience et risque iatrogène si erreur de dose notamment + +

Dr R :

- Possibilité d'utiliser chez le petit nourisson quand l'obstruction nasale le gêne beaucoup pour téter et dormir ; mais attention aux effets rebonds. 
- Recette: Adrénaline à 1 mg à 1 pour 1000 (soit une ampoule d 'adrénaline injectable de 1 mg / ml diluée dans 5 ml de sérum salé isotonique: 1 à 2 gouttes de sérum adrénaline 1/4 heure avant les tétées.

Retour

les antiseptiques locaux plus ou moins immunostimulants: type IRSI9°;

Dr H:

Nul ce produit

Dr R :

pas d 'intérêt; les immunostimulants per os n 'ont pas d 'intérêt démontré non plus.

Retour

lesantibiotiques locaux (Soframycine°, Locabiotal°, Néomycine° (dans Pivalone Néomycine° ) ont ils un intérêt thérapeutique ?

Dr H:

aucun intérêt thérapeutique démontré; jugés vraiment nuls, pas le sentiment de iatrogénicité cependant . 
Ont ils un intérêt dans les suites de chirurgie endonasale; on en prescrit mais ...

Dr R :

pas d 'AB dans les fosses nasales: sans intérêt et potentiellement nocifs.

Retour

les corticoïdes locaux efficacité ? effets secondaires? différence entre eux: mythe ou réalité ? ( quant au passage systémique ,à la tolérance locale par exemple

Dr H:

  • médicaments bien efficaces, hiérarchie réelle entre eux à son avis personnel
  • Pivalone° ne sert à rien, peut être intéressant chez l'enfant où doses moindres suffisantes. 
  • Beconase° de durée d'action limitée; maintenant produit dépassé 
  • Nasacort° pas très efficace et risque passage ,systémique
  • par ordre d'efficacité croissante: 
    • Nasonex° si problème peu invalidant
    • Flixonase° si + obstructif 
    • Rhinosort° si grosse polypose

Dr R :

  • Produits très intéressants, pas de hiérarchie entre eux dans  l'efficacité. 
  • Pourraient être intéressants ( mais hors A.M.M.) dans les tous premiers jours d 'une rhinite banale même présumée infectieuse (non évalué) 

Prescrire

  • Indication dans les rhinites allergiques saisonnières ou annuelles (certains n 'ont que l'indication rhinite allergique saisonnière, d'autres ont les deux indications.
  • Pas de différence d 'efficacité entre les différents corticoïdes locaux dans les rhinites allergiques ni dans la polypose nasale (où seul le Nasacort° a I 'A.M.M.) 
  • Pas d 'A.M.M. dans les rhinites non allergiques 
  • N'est pas le traitement de première intention dans la rhinite allergique de l'enfant 
  • Limite d'âge arbitrairement variable selon les produits (seule la Pivalone° n 'a pas de limite d 'âge ???) 
  • Risque théorique de ralentissement de la croissance chez l'enfant mais non retrouvé dans les études. 
  • Prise en charge: 35% . Différence de prix allant du simple au double (2 fois plus cher si en une seule prise !).

Retour

Les vasoconstricteurs locaux à base de syrnpathicomimétiques, tels que oxymétazoline ( seul dans Aturgyl°, associé à des corticoïdes dans Déturgylone°) quelle place ?, quels risques: iatrogénèse locale, effets secondaires ?

Dr H

  • ces produits sont intéressants dans les sinusites infectieuses car ils ouvrent l'ostium
  • il faut les remettre à leur place sans les diaboliser; 3 semaines sont possibles sans risque de rhinite iatrogène mais évidemment pas 3 mois.
  • attention aux glaucomes, pour sa part jamais vu de rétention urinaire avec des traitements locaux.

Dr R :

  • tout dépend de l'utilisation faite par les gens, 
  • attention aux effets rebonds; 
  • doit rester exceptionnel 

Prescrire

pour l'oxymétazoline

  • interdits au moins de 12 ans
  • risque de rhinite iatrogène et d'effet rebond
  • effets systémiques indésirables mais moins fréquents qu'avec les vasoconstricteurs per os : céphalées, insomnie, palpitations
  • CI : sujet à risque de glaucome par fermeture de l'angle et à risque de rétention urinaire 


Pour le tuaminoheptate ( dans Rhinofluimucil°)

  • il s'agit aussi d'un vasoconstricteur local mais qui serait moins actif  avec peut-être moins d'effets indésirables locaux et systémiques (mais de même nature) que les autres vasoconstricteurs.
  • CI <  30 mois

Retour

les médicaments systémiques à effet vasoconstricteur.

PRESCRIRE:

  • à base de deux vasoconstricteurs sympathomimétiques : la pseudoéphédrine ( ex : Sudafed°, Humex° ...) et la phénylpropanolamine (Actifed jour°....)
  • Souvent associés à paracétamol ou antihistaminiques
  • Moins efficaces que par voie nasale mais sans effet nocif local
  • Aux USA la FDA a interdit en 11/2000 la phénylpropanolamine en raison de complications graves, type AVC et parfois mortelles pour des doses présumées normales ( risque d'usage détourné pour effets anorexigène). En France ces produits sont seulement passés en juillet 2001 sur la liste 1.
  • En ce qui concerne la pseudoéphédrine : une enquête a été annoncée car les principes actifs sont voisins mais ces produits sont actuellement grand public.
  • Effets secondaires systémiques fréquents:
    • neurologiques centraux : migraines, insomnie, anxiété confusion
    • cardio-vasculaires : HTA, tachycardie, douleurs angineuses
  • A éviter si HTA, tachycardie, insuffisance coronaire, diabète, glaucome à angle fermé
  • Se méfier des effets secondaires atropiniques des anti-H1 employés parfois simultanément (sécheresse buccale, épaississement des sécrétions, troubles de l'accommodation, rétention urinaire, glaucome par fermeture de l 'angle.

Retour

les inhalations ( vapeur d'eau, Balsofulmine°, Perubore° )

Dr H

traitement volontiers prescrit; une étude indonésienne aurait montré que la simple inhalation d'eau chaude améliorait notablement la symptomatologie; 
intérêt de la chaleur locale comme virucide; même objectif que notre fièvre défensive.

Dr R :

 intéressant, efficacité de la vapeur d 'eau et de la chaleur surtout, à utiliser peu concentré.

Prescrire

 à priori l'inhalation de vapeur d'eau est non nocive simple mais d'efficacité non évaluée.

Retour


LES PATHOLOGIES ET LEUR TRAITEMENT

I.Les rhinites infectieuses banales
Il faut rappeler que la couleur des sécrétions ne permet pas de différencier pathologie virale et bactérienne.
Que nous reste-t-il ? des thérapeutiques non évaluées mais à priori non dangereuses
- mouchage
- lavage
- inhalation

Retour

II. Le catarrhe tubaire au décours d'une rhinite:
 

un traitement local nasal est il indiqué, si oui quoi et combien de temps ? intérêt d'un traitement per os ?

Dr H

OUI intérêt du traitement local : vasoconstricteur type Aturgyl ou Deturgylone si rhinite isolée, corticoïdes local si rhinite fréquente oedémateuse ou allergique, traitement 2 à 3 semaines.

Retour

III. L'otite séro muqueuse de l'enfant:
 

Intérêt de traitement local ? Traitement per os ? Indication d'adénoïdectomie

Dr H

les otites séromuqueuses appartiennent en général au tableau d'otites aigües répétées, l'évolution thérapeutique hiérarchique classique reste encore d'actualité: 
traitement par antibiothérapie seule puis 
si échec ATB + corticoïdes per os 8 à 10 jours; 
ne pas revoir avant 2 à 3 semaines,
puis adénoïdectomie plus ou moins paracentèse puis aérateurs

Dr R :

2 possibilités :

  • même schéma thérapeutique médicamenteux avec doses fortes d 'AB (au moins 80 mg/kg amoxi (amoxi simple et amoxi + acide clavulanique chez le petit enfant) + corticoïdes 2 mg / kg
  • propose un 2° schéma: 


Maxilase°+ fluidifiants sur la base de l'utilisation du Maxilase° en .stomato jugé intéressant, reconnaît que pas d'étude prouvant l'efficacité de ces produits

Retour


 

Intérêt d'une rééducation de la trompe d' Eustache ? ( cf. article "mouchage reniflement : le duel", qui préconise le reniflement) Intérêt de la mastication ?

Dr H

  • pas du tout d 'accord sur le reniflement qui est nocif, le "mouchage paysan" ne produit pas de surpression.
  • Pour rééduquer les trompes d'Eustache: mouchage, lavage des fosses nasales qui entraîne éternuement. Auto rééducation avec 2 pièces de 5 Fr (0,76E!), coincées entre les lèvres (et non les dents) matin et soir avec respiration nasale pendant au moins 5 minutes (fait travailler le voile et les muscles des joues), à faire pendant 3 mois, possible à partir de l'âge de 4 ans. Pas de kiné ni d 'orthophoniste.
  • Mastication si à bouche fermée !!!

Retour

IV.Les sinusites
 

intérêt des aérosols ? si oui quoi, comment, coût ?

Dr H

une enquête a été menée sur des O.R.L. eux mêmes pour apprécier l 'efficacité des aérosols; aucune conclusion fiable, reconnaît en prescrire quand il se sent dans l'impasse ..

Dr R :

cure AB + corticoïdes 10 jours à bonne dose à l'automne et au printemps

Retour

V. Les staphylococcies nasales simples
 

quoi localement et combien de temps ?

Dr H

intérêt de vieille médication antiseptique; huile goménolée à 2S, mais c'est surtout la pathologie de ceux qui se mettent les doigts dans le nez (NB risque de pneumopathie d'inhalation).

Dr R :

Bétadine° pommade mieux que Fucidine°

Retour
Retour sommaire