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Association de Formation pour la Santé
Région Nantaise


 

Pré étude sur les troubles musculo squelettiques en consultation de médecine générale


 
 
 
 

Objectifs

Lors de la réunion du 9 Septembre 1999, nous avions choisi de lancer une première enquête limitée aux seuls deux premiers objectifs sur les cinq relevés dans la fiche préparatoire (évaluer la fréquence, les facteurs de risque).

 Si cette première étude s'avérait faisable et exploitable nous envisagions dans une deuxième phase de travailler sur les trois derniers objectifs (les interventions thérapeutiques, l'impact économique et l'importance des déclarations en maladie professionnelle)
 
 

Méthodes

1) Évaluer la fréquence des TMS en médecine générale :


 Devant la nébuleuse de pathologies pouvant être rattachées aux TMS, nous nous sommes évidemment
poser la question d'une définition claire et acceptable , ainsi que d'une limitation volontaire dans l'objet de
l'étude pour en assurer la faisabilité. ( "on a déjà tellement de papiers à remplir" )
 

   Critères d'inclusion :

- Patient(e)s de quinze ans et plus dont l'un des motifs de consultation est :
- un syndrome caractérisé par de l'inconfort, une capacité réduite, voire une incapacité ou encore une douleur persistante dans les
articulations, les tendons ou autres tissus mous avec ou sans manifestation physique.
- En se limitant aux épaules
                              coudes
                              poignets
                              main
                              et au rachis cervical.

   Exclusion

- Patient(e)s de moins de quinze ans
- TMS de découverte fortuite lors de l'examen
- Syndrome en rapport avec une pathologie inflammatoire connue
    ou un accident traumatisme récent (responsable du syndrome).
- Fibromyalgie qui pourrait s'intégrer au cadre des pathologies liées aux TMS et aux critères d'inclusion
- Les dorsalgies, lombalgies et les atteintes des membres inférieurs ne seront  pas étudiées.
 

Pour reprendre les pathologies soulignées dans la fiche préparatoire l'étude concernait donc 
           Fatigue musculaire des membres supérieurs ou du rachis 
               crampes ou déchirures musculaires
           Douleurs tendineuses : 
               - Épaule       Épaule douloureuse aiguë 
                                  Épaule douloureuse simple ( coiffe , conflit sous acromial) 
                                  Épaule impotente : épaule pseudo paralysée , épaule bloquée 
               - Coude        Épicondylite 
                                  Épitrochléïtes 
               - Poignet     Tendinite et ténosynovite des fléchisseurs des doigts 
                                 Ténosynovite des extenseurs 
                                 Ténosynovite de Quervain 
                -Main         Maladie de Dupuytren 
                                 Doigt à ressaut ou doigt en gâchette 
                                  Rétractions tendineuses 
           Atteintes nerveuses 
                 Syndrome du défilé thoracique 
                 Syndrome de compression radiale 
                 Syndrome de la gouttière épitrochléo olécranienne 
                 Syndrome de la loge de Guyon 
                 Syndrome du canal carpien 
           Bursites et hygromas 
                 Bursite sous acromio deltoïdienne 
                 Bursite rétro-olécranienne 
                 Bursites des mains 
                 "Aï" crépitant du poignet 
                 Kystes synoviaux du poignet 
           Syndrome du marteau hypothénar 
           Cervicalgies 

   Il était simplement demandé à chaque médecin de noter le ou les sites en cause ; un diagnostic plus
précis ( si possible) restait cependant le bienvenu au moins à titre de pré enquête pour la deuxième phase de
l'étude.

 2) Évaluer l'importance relative des facteurs de risque

 Pour les facteurs professionnels et non professionnels, l'évaluation était celle du patient(e) répondant à
des questions type "Avez vous dans votre travail des contrainte de temps importantes ?" ou " vous occupez vous
beaucoup des enfants en rentrant du travail ?". Il n'était pas prévu d'utiliser d'échelle type échelle de douleur ; la
réponse devait être simplement oui ou non.
 

   facteurs professionnels

 Lors de la réunion il était prévu :  contraintes physiques,     contrainte de temps     et ambiance ;

lors d'essais, après la réunion,  il est apparu évident qu'il fallait maintenir la différence dans les contraintes physiques entre gestes répétitifs et effort, => la question " dans votre travail êtes vous soumis à des contraintes physiques importantes comme l'existence de gestes répétitifs?" .
   gestes répétitifs
   effort physique
   contraintes de temps
   ambiance de travail

   facteurs non professionnels

Il a été rajouté et différencié de "ménage" la notion de charge de travail liée aux enfants. l'âge des enfants n'est pas pris en compte
   jardinage
   bricolage
   ménage
   enfant
   sport

  facteurs "individuels"

 Dans les antécédents les pathologies endocriniennes et les troubles malformatifs ne seront pas étudiés
   âge
   sexe
   poids
   Antécédents traumatiques (TMS inclus) considérés comme guéris de la région atteinte
   Consommation de psychotrope (alcool inclus)
 

Résultats

1) La population étudiée:

                sur 27 médecins de notre groupe de FMC pouvant participer à l'étude seulement 9 ont accepté
                la durée d'étude n'a pas été utilisée car non rapportée par la plupart des participants
Sur 46 fiches remplies :
                14 hommes âge moyen 41 +/- 14 ( 20 à 79)  IMC 23,4 +/- 2.17
                30 femmes âge moyen  44 +/- 12 (16 à 70) IMC 24.7 +/- 6.1
                2 sont de sexe indéterminé (et l'un n'a pas de taille => pas d'IMC pour les "sans sexe"!)
 

Agriculteurs exploitants

0

Artisans, commerçants et chefs d'entreprise

2

Cadres et professions intellectuelles supérieures

3

Professions intermédiaires

2

Employés

14

Ouvriers

11

Retraités

3

Autres personnes sans activité professionnelle

4

Il semble difficile d'avoir une répartition par CSP des patients fréquentant nos cabinets => impossible de mettre en évidence un lien profession / ensemble des TMS
L'entreprise (ou l'absence d'entreprise) est rapportée dans 32 cas ( 14 pas de notion) et le médecin du travail connu ( ou absence connue : 2 fois.) dans 11 cas ; le médecin du travail n'est donc pas connu dans 76% des cas !.
Délai : dans 30 cas sur 42  la rubrique est remplie : dans 13 cas les troubles sont récents et 27 ils remontent a plus de 15 jours

25 fois l'inclusion dans l'étude correspondait à la première consultation et 15 fois il y avait déjà eu une consultation (6 sans réponse)

Les TMS
57 pour les 46 fiches           dont 8 fois 2 localisations
                                         dont 2 fois 3 localisations
                                         dont 1 fois 4 localisations
Épaule 21 fois avec des annotation montrant la richesse de notre vocabulaire sinon de notre sémiologie

bursite
épaule douloureuse simple (3 fois)
rupture coiffe 
PSH
rupture sus épineux
contracture trapèze sus épineux
conflit sous acromial droit
épaule sénile
long biceps G
tendinite épaule D
Tendinite insertion biceps

Coude 12 fois

Epicondylite x 8 fois
épitrochléïte G

Poignet 10 fois

canal carpien 5 dont 2 fois bilatéraux
Quervain
Loge de Guyon
Tendinite extenseur pouce
tendinite cubitale

Main 3 fois ( une entorse mentionnée)
Cervicalgies 11 fois avec des dénominations diverses

cervicalgie  scapulalgie
Contracture trapèze
Cervicalgie bilatérale


 
 

     2) Évaluer la fréquence des TMS en médecine générale :

L'incidence globale des TMS n'a pu être calculée que sur les effectifs recueillis par 7 des 9 participants ; elle est finalement rapportée aux nombres de consultation et non au nombre d'actes

L'incidence moyenne en consultation est de 1,54 % +/- 0.72 (0.85 a 2.89),
l'incidence rapportée au nombre total d'acte est peu différente 1,40% +/- 0,62 ( 0,77 à 2,56)
 

3) Évaluer l'importance relative des facteurs de risque


Faute d'une population de référence il a été impossible de lier un facteur de risque a l'existence ou non de TMS.
En revanche l'étude permettait théoriquement une mise en évidence de facteur de risque prépondérant pour l'un des TMS étudié

facteurs "individuels"

  âge    sexe    poids

pathologie

H

F

âge

n

e

poids

n

e

taille

n

e

IMC

n

e

Épaule

21

10

11

49.0

20

12.7

71.3

19

16.1

164.4

17

10.7

25.6

17

4.8

Coude

12

3

9

45.7

12

9.8

66.8

11

13.3

165.7

11

9.68

24.3

11

4.5

Poignet

8

2

6

43.4

8

13.3

66.9

7

19.1

164.9

7

10.8

24.5

7

6.7

Main

3

1

2

41.9

3

12.0

95.0

1

/

165.0

1

/

34.9

1

/

Cou

11

0

9

36.4

10

12.3

59

10

16.1

160.9

11

8.4

22.9

10

5.4

   Il n'est pas possible de mettre en évidence une différence significative concernant l'âge le poids la taille et l'IMC.
En revanche le sexe est deux fois significativement différents :
                Les TMS semblent  atteindre deux fois plus les femmes dans la population étudiée (35 F /16 H) avec une différence significative au seuil de 5% (²) pour les pathologie de l'épaule ( autant les hommes que les femmes ) et pour les pathologies cervicales ( exclusivement les femmes)
Ces résultats seraient conformes à ceux trouvés par Annie Touranchet
 15 fois (/44) il existe des antécédents de TMS portant sur la même région : l'ancienneté des troubles n' a aucun rapport avec la
notion d'antécédents sur la même région :
 


nombre cas

délai en mois

Avec antécédent de TMS

13

9.1

Sans antécédent

27

12

(A noter que dans les "sans antécédents " il existe une personne qui souffre depuis 228 mois !!)
Pas non plus de différence liée à la notion d'antécédents de TMS ou à l'ancienneté des troubles

Consommation de psychotrope (alcool inclus)

Il est impossible de mettre en évidence une différence à partir des 4 items étudiés
La consommation de benzodiazépines est rapportée 6 fois ( sur 45), celle d'antidépresseur 3 fois ( / 45) et celle d'alcool 4 fois (/45) ; 1 fois (/11) est rapporté une consommation autre (neuroleptique)

facteurs non professionnels

jardinage    bricolage    ménage    enfant    sport

Pathologie

 N

Jardin+

N

Bricolage+

N

ménage+

N

enfant+

N

Sport+

N

autre fac+

Épaule

20

2

21

6

20

5

19

1

21

2

19

3

Coude

10

0

11

3

10

2

11

2

11

0

11

2

Poignet

8

1

8

4

8

4

8

0

8

1

8

2

Main

3

0

3

1

3

1

3

2

3

0

2

0

Cou

11

1

11

0

11

5

11

3

11

0

11

0

 Total

44

4

45

12

44

14

43

7

45

3

42

7

       Il est impossible de mettre en évidence une différence a partir de ces items entre les différentes TMS
 

facteurs professionnels

    gestes répétitifs    effort physique    contraintes de temps    ambiance de travail

Pathologie

 N

gestes R

N

Effort+

N

Temps+

N

Ambiance+

Épaule

20

11

20

10

20

11

19

3

Coude

12

9

12

7

12

9

12

2

Poignet

7

7

6

5

7

6

7

3

Main

3

2

3

1

3

2

3

0

Cou

11

7

11

7

11

5

11

5

 Total

44

30

43

24

44

27

43

12

Il est impossible de mettre en évidence une différence a partir de ces items entre les différentes TMS

   CSP
 

Pathologie

Agriculteurs exploitants

Artisans commerçants et chefs d'entreprises

Cadres et professions intellectuelles supérieures

Professions intermédiaires

Employés

Ouvriers

Retraités

Autres sans activité professionnelle

Épaule

0

2

1

0

7

6

2

2

Coude

0

0

1

1

4

3

2

0

Poignet

0

0

0

1

1

5

0

1

Main

0

0

1

0

1

0

0

0

Cou

0

1

0

0

3

1

0

2

Total / pathologie

0

3

3

2

16

15

4

5

 Doublons

0

1

0

0

2

4

1

1

Total / profession

0

2

3

2

14

11

3

4

La encore , les faibles effectifs n'autorisent même pas un calcul de différence statistique significative entre les différentes pathologies par rapport aux CSP.

Au total

Beaucoup de travail pour pas grand chose.... :

    une estimation de l'incidences des TMS  à 1.54 % de nos consultation , dont presque 1/3 concerne les pathologies de l'épaule.
    une nette prédominance d'atteinte chez les femmes (2 femmes pour 1 homme) alors  que paradoxalement le TMS le plus fréquent (épaule) touche quasi autant d'homme que de femmes et une prédominance significative féminines pour toutes les autre pathologies, avec une exclusivité en ce qui concerne les cervicalgies .
sous estimation très probable des recrutements.
                Aucun autre item n'a pu montrer ( et pour beaucoup par impossibilité d'un calcul fiable en raison d'un effectif trop faible) de différence interprétable statistiquement.

...ou pas assez  pour réussir :


Pas assez de motivation dans le groupe : seuls 9 généralistes sur les 27 susceptibles de le faire ont participé à l'étude.
Pas assez de rigueur dans les relevés de fiches rendant plus aléatoire l'exploitation et entraînant peut être également une sous estimation de l'incidence.
Enfin une grosse erreur méthodologique : pour étudier correctement les facteurs de risque il eu fallu avoir recours à une population témoin, bien sûr !!

Y aura t il des volontaires pour affiner une étude plus pertinente ?
JP.

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