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DOSAGES DE LA TSH

Janic Guillodeux

Groupe de pairs, octobre 2000

Source ANAES


 La méthode de dosage de la TSH fait appel de préférence aux dosages de 3e génération.
Une fois le dosage de la TSH effectué, le sérum devrait être conservé au laboratoire (au maximum 7 jours à + 4 °C). Ceci permettrait d'effectuer les éventuels examens de seconde intention qui seraient nécessaires sans avoir à reprélever le patient.

Stratégie d'utilisation des examens biologiques pour le diagnostic d'une hyperthyroïdie

En première intention, le dosage de la TSH est nécessaire et suffisant. Les éventuels autres examens utiles au diagnostic sont réalisés en seconde intention en fonction du résultat de la TSH et du contexte clinique. En pratique, trois situations sont possibles;

 La TSH est normale

Le diagnostic d'hyperthyroïdie est éliminé compte tenu de la spécificité de ce dosage (grade C), sauf s'il existe une conviction clinique très forte de thyrotoxicose. Dans ce cas, le dosage de la TSH est complété par un dosage de la T4 libre. Si la T4L est augmentée, une hyperthyroïdie d'origine hypothalamo-hypophysaire, ou un syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes, est à envisager.

 La TSH est basse

Il est recommandé de doser, en deuxième intention, la T4L pour confirmer le diagnostic (grade C) et préciser l'intensité de l'hyperthyroïdie avant l'instauration d'une thérapeutique :
la TSH est basse voire indétectable et la T4L élevée : hyperthyroïdie franche ; une TSH basse voire indétectable avec un dosage de la T4L normal ou limite, poursuivre impérativement le bilan par un dosage de la T3 libre chez un patient symptomatique, T3L augmentée : hyperthyroïdie à T3, chez un patient paucisymptomatique ou monosymptomatique, T3 libre normale : hyperthyroïdie infraclinique ; cas particulier : lorsque la TSH est basse, mais voisine de l'intervalle de référence, il est recommandé, si la conviction clinique persiste, d'effectuer un nouveau dosage de la TSH avec une méthode de 3e génération connue pour sa bonne spécificité et un dosage de la T4L.
Il convient d'envisager, dans ce même temps, une enquête étiologique de l'hyperthyroïdie.

 La TSH est élevée

Lorsque la TSH est élevée et la conviction clinique d'hyperthyroïdie persiste, le dosage de la T4L doit être réalisé en seconde intention. Une T4L élevée évoquera une hyperthyroïdie d'origine hypothalamo-hypophysaire ou un syndrome de résistance aux hormones thyroïdiennes.
 

Surveillance biologique d'une hyperthyroïdie


Aucune étude n'a été faite à ce jour, évaluant différentes stratégies de surveillance à court, moyen ou long terme.

Hyperthyroïdie patente

Les modalités de la surveillance biologique de l'hyperthyroïdie avérée dépendent du type de traitement.

Traitement par antithyroïdiens de synthèse (ATS)

À la phase d'acquisition de l'euthyroïdie , après instauration du traitement, un dosage de la T4L ou de la T3L (s'il s'agit d'une hyperthyroïdie à T3) est à réaliser à partir de la 4e semaine. L'obtention de l'euthyroïdie est affirmée par la normalisation de la T4L (ou de la T3L) dont le dosage est répété selon la clinique. Le dosage de la TSH n'est d'aucune utilité à cette phase du traitement.
À la phase d'entretien, une fois l'euthyroïdie obtenue (notamment en cas de maladie de Basedow), les modalités de surveillance dépendent de l'option thérapeutique. Soit le traitement est poursuivi par ATS seul, soit des hormones thyroïdiennes sont associées pour compenser une hypothyroïdie iatrogène induite par les ATS à dose fixe. Dans le premier cas, le dosage de T4L (ou T3L) est à répéter (en fonction des données cliniques) pour adapter la dose des ATS.
 Dans le second cas, le plus courant, il suffit de doser la TSH et la T4L (ou T3L) tous les 3 à 4 mois durant toute la période de traitement restante (la durée totale est en moyenne de 18 mois).

Le dosage des anticorps antirécépteurs de la TSH est utile dans la prédiction d'une récidive de la maladie de Basedow (grade B). Lorsqu'ils restent élevés à la fin du traitement médical, la rechute est quasi inéluctable et précoce.
Une surveillance annuelle clinique et biologique en cas d'anomalie clinique (TSH, T4L ou T3L) est nécessaire dans les 2 à 3 années suivant l'arrêt du traitement en raison du risque de récidive.
 

 Traitement par iode radioactif

Les patients traités par l'iode radioactif doivent être contrôlés toutes les 4 à 6 semaines par un dosage de la T4L (ou de la T3L) durant les 3 premiers mois de traitement. Par la suite la surveillance se fera selon la situation clinique.
L'objectif du traitement étant d'éradiquer l'hyperthyroïdie au prix d'un risque important d'hypothyroïdie à moyen ou à long terme, il est recommandé de doser la TSH et la T4L dans les 3 à 6 mois qui suivent le traitement.
Une surveillance annuelle basée sur le dosage de la TSH seule est recommandée dans le but de reconnaître une éventuelle hypothyroïdie iatrogène ou une récidive de l'hyperthyroïdie.

 Traitement chirurgical

Après thyroïdectomie, la surveillance postopératoire se fonde sur le dosage de la TSH et de la T4L dès le premier mois, puis tous les 3 mois pendant 1 an. Par la suite la surveillance sera annuelle avec dosage de la TSH.

Cas particuliers

Hyperthyroïdie fruste ou infraclinique

Elle est définie par une diminution isolée de la TSH. En cas d'abstention thérapeutique, un suivi clinique et biologique (TSH complété ou pas par T4L et T3L) est réalisé à 3 mois puis tous les 6 mois, si nécessaire.
 

Hyperthyroïdie et amiodarone

Il est recommandé de réaliser de façon systématique un dosage de la TSH avant l'instauration d'un traitement par l'amiodarone.
En cours de traitement, la TSH doit être dosée tous les 6 mois à 12 mois y compris l'année qui suit l'arrêt du traitement et en cas de signes d'appel clinique de dysthyroïdie. Lorsque la TSH est abaissée, faire un dosage de la T4L et de la T3L : si la T4L est normale ou à peine augmentée et la T3L normale, l'interruption de l'amiodarone est à discuter avec le cardiologue. Une surveillance clinique et biologique est à renforcer (contrôle de TSH, T4L et T3L tous les 2 à 3 mois jusqu'à normalisation de la TSH) ; si la T4L et la T3L sont augmentées, l'hyperthyroïdie est patente. L'interruption de l'amiodarone est quasi impérative sauf cas exceptionnels (arythmie ventriculaire maligne). La surveillance rejoint celle d'une hyperthyroïdie patente.

Hyperthyroïdie et grossesse Diagnostic

En présence d'une conviction clinique de thyrotoxicose, il est recommandé d'effectuer un dosage de la TSH et de la T4L (et de la T3L, si la T4L est normale). En cas de maladie de Basedow, un dosage des anticorps antirécepteurs de la TSH est aussi indispensable pour évaluer le risque de thyrotoxicose foetale. Surveillance
Chez une femme enceinte traitée par ATS, une surveillance rapprochée (toutes les 2 à 4 semaines) fondée sur le dosage de T4L ou T3L (hyperthyroïdie à T3) est nécessaire jusqu'à l'acquisition de l'euthyroïdie (normalisation du taux de l'hormone thyroïdienne en cause). Par la suite cette surveillance doit être mensuelle tout au long de la grossesse avec contrôle de la TSH, T4L et/ou T3L.
En cas d'antécédent d'hyperthyroïdie, la surveillance mensuelle de la TSH et de la T4L s'impose durant le premier trimestre de la grossesse, période durant laquelle le risque de récidive est élevé.
Dans le post-partum, la surveillance clinique et biologique (TSH, T4L) doit rester méticuleuse car l'hyperthyroïdie maternelle peut s'exacerber ou récidiver dans les 2 à 6 mois après l'accouchement.
Afin de prédire la survenue d'une hyperthyroïdie foetale ou néonatale, il est souhaitable de déterminer les anticorps antirécepteurs de la TSH au moins à la 28e semaine chez toutes les femmes ayant ou ayant eu une maladie de Basedow. Patients avec maladie générale sévère ou aiguë
Des dosages concomitants de la TSH et de la T4L ne s'imposent que dans les situations où l'examen clinique évoque une symptomatologie de thyrotoxicose. L'interprétation des résultats de ces dosages est difficile dans ce contexte car les valeurs mesurées ne sont pas forcément en relation directe avec l'état thyroïdien.
 ANAES


Prescrire, octobre 1995 :

Hypothyroïdie périphérique symptomatique :

le traitement par LEVOTHYROX (visant à normaliser la TSH, le dosage de T3 et T4 n’étant pas nécessaire dans le suivi du traitement) est prescrit théoriquement à vie

la TSH à vérifier à deux mois,
 quand la dose quotidienne est adaptée, un dosage de la TSH à six mois puis de façon annuelle est suffisant.
dans certains cas (doute sur la compliance du patient, traitement à l'amiodarone, instabilité inexpliquée de l'hypothyroïdie), un dosage complémentaire de T4 libre ou de T3 libre peut être nécessaire.(anaes)
 

Elévation isolée de la TSH : qui traiter ?

seulement ceux qui ont un risque important de développer une hypothyroïdie dans les années suivantes : TSH > 10 Mu/l ou comprise entre 5 et 10 Mu/l mais avec soit goitre soit anticorps antithyroïdiens à un taux significatif.

sinon surveillance,  tous les 2 à 3 ans .

Le risque d’un surdosage modéré prolongé en hormone thyroïdienne est de provoquer une ostéopénie chez la femme.
 

NODULES DE LA THYROIDE

(Source : Prescrire, octobre 1995 non disponible sur internet)

Indications du LEVOTHYROX :

L’intérêt d’un traitement freinateur n’a pas actuellement été démontré dans cette indication. Le but du traitement est de mettre au repos la thyroïde par le traitement substitutif, mais attention au surdosage modéré prolongé en hormones thyroïdiennes qui peut entraîner notamment une ostéopénie chez la femme.

            En cas de nodule unique :

 Durée initiale du traitement d’un an, après ponction du nodule à l’aiguille fine, destinée à rechercher d’éventuelles cellules cancéreuses (mais la sensibilité et la spécificité ne sont pas parfaites). La dose de levothyroxine proposée est de 100 à 150 µg par jour afin d’obtenir une valeur de la TSH entre 0,05 et 0,1Mu/l chez les femmes non ménopausées et les hommes de moins de 60 ans et entre 0,1 et 0,3 Mu/l chez les femmes ménopausées, les hommes de plus de 60 ans et les patients aux antécédents cardiaques.
 L’effet du traitement est apprécié sur la taille du nodule mesurée par échographie. Si la taille du nodule augmente pendant le traitement, celui-ci doit être interrompu et le patient doit soit être opéré, soit faire l’objet d’une nouvelle ponction à l’aiguille fine. Si la taille du nodule diminue ou reste stable pendant le traitement, celui-ci est interrompu au bout d’un an et une surveillance de six mois doit être réalisée. Si la taille du nodule augmente à nouveau le traitement doit être repris. La durée optimale du traitement et l’observance à long terme des patients n’ont semble-t-il pas fait l’objet d’étude.

            En cas de nodules multiples :

 Le traitement n’est proposé que si la TSH est supérieure à 1 Mu/l, afin de ramener le taux de TSH dans les valeurs basses de la normale (0,5 à 1 Mu/l). Si la thyroïde augmente de volume, il faut arrêter le traitement et  rechercher d’éventuelles cellules cancéreuses par une ponction à l’aiguille fine (dont la sensibilité et la spécificité ne sont pas parfaites). Si le volume de la thyroïde diminue ou reste stable, il faut poursuivre le traitement au long cours en surveillant de manière régulière la TSH afin de dépister une éventuelle hyperthyroïdie débutante liée à l’hyperfonctionnement d’un nodule et se traduisant par une baisse de la TSH.
 

Voir aussi sur le site de Prescrire : LES PIEGES DES BILANS HORMONAUX THYROÏDIENS

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